Il y avait bien une femme au monde qui réussissait à m’affaiblir et que je considérai comme ma pire ennemie. Elle m’empêchait de penser correctement et de cacher mes faiblesses, elle me prenait la tête et m’embarquait sans prévenir dans la nostalgie. Elle, ce n’était rien d’autre que la fatigue. A chaque fois que je ne dormais pas suffisamment, mes pensées incontrôlées me menaient vers mon passé. Un détail suffisait pour qu’un souvenir enfoui refasse surface, comme lorsque j’aperçus un groupe de voyous passé dans la rue. Et je haïssais ça, je me sentais misérable. Les applaudissements me ramenèrent à la réalité et je souris aux spectateurs qui avaient écouté mes chansons du début jusqu’à la fin. Certains voulaient me payer pour ma performance mais je refusais poliment, si je chantais c’était pour moi-même et non pour l’argent. Contrairement à d’autres, je ne mélangeai pas passion et travail. Je me levai de mon banc et rangea avec précaution ma guitare. Après tout, il s’agissait de mon bébé, aussi cliché que ça puisse l’être. Ma logique me disait clairement que je devais rentrer chez pour me reposer cependant mon envie me dictait l’inverse. L’air était doux et je ne voulais pas que mes colocataires s’aperçoivent de ma mauvaise humeur, surtout si c’était pour passer un interrogatoire avec des questions les unes les plus énervantes que les autres. Traîner en ville, c’était pas plus mal que ça. Certes, il faisait déjà nuit mais peu importe, je pouvais toujours - ou plutôt j’allais sécher mes cours de demain.
Je marchai dans les ruelles mal fréquentées, celles qui ressemblaient fortement à celles que j’utilisais quotidiennement à Séoul, celles où je me pavanais comme un roi. Il n’y avait qu’une seule différence : là-bas j’étais accompagné par mes sbires et là, il ne restait plus que mon instrument et moi. Mes pas s’arrêtèrent devant un bar. Entrer ou ne pas entrer ? Ma décision fut rapidement prise, ce n’était pas comme si je réfléchissais beaucoup de toute façon et personne ne changeait ses habitudes du jour au lendemain. De plus, un verre ne pouvait que me remonter le moral. Je me dirigeai directement vers le bar, je n’étais pas encore assez désespéré pour m’installer tout seul à une table. « Trois bouteilles de bière s’il vous plaît. » Le barman jetait des coups d’œil dans les alentours. Je lui fis comprendre d’un regard que oui, j’avais bien l’intention de boire ça tout seul. Je savais qu’avec ce montant, j’arrivai encore à être sobre. Après tout, j’avais des années d’endurance derrière moi. Sans prendre la peine de verser dans mon verre, je bus directement à la bouteille. Ensuite petit à petit, le temps m’échappa. Je ne savais plus depuis combien de minutes j’étais dans cet endroit. Un quart d’heure ? Une demi-heure ? Une heure ? Tout ce dont je me rendais compte était que j’étais parti un instant aux toilettes et au moment où j’allais retourner à ma place, je reconnus une silhouette familière. « Ji Hyuk… ? » murmurais-je dans ma barbe. Ok. Je devais halluciner. Putain, comment ça se faisait que j’étais déjà bourré ?
Lee Ji Hyuk
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Sujet: Re: when the present intersects the past - ji hyuk Lun 3 Juin - 14:33
Quand on s’accroche trop au passé, on se condamne à ne pas avoir d’avenir.
change, it’s a wonderful thing.
Cinq ans. Cinq années, pendant lesquelles j’avais changé du tout au tout. Un homme aussi banal que je pouvais le faire paraître, un homme sans problème apparent et qui ne cherchait en aucuns cas à en créer. À des années lumières du comportement de mon adolescences, du temps de l’insouciance, où je n’aurai pas tergiverser pour dire merde et envoyer valdinguer tout le monde. La contradiction même d’un homme, qui ne dépendait de personnes et pourtant, qui cherchait toujours à être entouré lors de ces instants d’ivresses. J’avais été aussi pitoyable que ces hommes à deux tables plus loin, qui s’amusait impunément à enchaîner les verres, sans se soucier de combien tous ceci pouvaient leur coûter et ayant comme distraction ; jouer sur plusieurs tableaux avec ces dames. En faite, je devais avoir été bien pire avec d’autres substances élicites, qui avaient rythmée la valse de ma décadence.. Seulement, en ce jour, au lieu d’oublier et continuer ma route comme d’habitude, je me retrouvai là. Parmi tous ces habitués et futurs initiés, je devais surement être une nouvelle tête pour eux. Une âme qui avait échoué ici pour éponger ces soucis de la journée passé. Ou au contraire, car dans un bar comme celui-ci, vous pouviez aisément passer inaperçu, tant que vous ne faisiez aucunes vagues. Entre la musique qui prenait possession de l’endroit et l’ambiance festive naissante entre les clients, vous paraissiez rentrer dans un cocon qui vous isolait de la fureur du monde extérieur. Et, selon moi, c’était le pied. Je n’étais plus secrétaire, ex-délinquant, fils indigne et toutes autres conneries auquel j’aurai été affublé dans ma vie. Un fin sourire qui pinçait mes lèvres en coin, je me dirigeai lentement mais surement vers le bar. J’avais fait en sorte de m’exclure de toutes responsabilités pour la suite de cette journée alors, à moi de faire comme bon me semblait. Enfin, presque. Une fois ma commande prise, je me retrouvai en tête à tête avec une vielle amie, la bière. Commençons soft. J’apportais la bouteille à ma bouche et laissais cet élixir descendre dans ma gorge. Sa fraicheur et ce goût, tous ceci semblaient m’avoir presque manqué. Doucement, je reposais la boisson sur le sous-verre et alors que je pensais être connu de quiconque en ces lieux, j’entendis mon prénom. Surement, étais-ce pour mon voisin ? Aller savoir, Ji Hyuk, ce n’était pas un prénom dès plus rare. Cependant, personne ne semblait réagir. Je pivotai alors sans me soucier face à qui je me retrouverai et je restai dénuer de toutes réactions lors de cette révélation. Lui. « ..Hyun Woo. » C’était déjà un bon début. Une manière comme une autre de se saluer, je souris nerveusement et me dis qu’entre tous les lieux de cette terre où tous deux nous pouvions être, il fallut qu’un vestige du passé parviennent à ressurgir ici. Comme avant, dans un bar, avec une bière sur le comptoir, je crois bien que nous étions fait pour nous retrouver toujours ainsi. « Eh bah, quelle bonne surprise ! Tu viens me tenir compagnie ? » finis-je par proposer tout simplement, en poussant le siège qui se trouvait juste à coté du mien. Comme si je le lui laissai le choix, j’étais assez curieux de savoir ce qu’il devient. « Ce sera ma tournée, qu’est-ce que tu prendras ? » Par la suite, je finis d’une traite cette première bière, comme pour l’accompagner dans un nouvel alcool. En attente d’une réponse, je l’observai. Physiquement, le changement ne semblait pas avoir autant opéré que cela..
Sujet: Re: when the present intersects the past - ji hyuk Mer 5 Juin - 20:12
S’il y avait bien une raison pour laquelle les bars étaient aussi fréquentés, c’était pour sortir de la routine. Un endroit magique pour les gens où leurs soucis devenaient de la rigolade et où les rencontres se faisaient sans même chercher à connaître la personne, juste comme ça pour passer le temps. Un monde rempli de plaisirs et non de travail. Pour moi, c’était différent – ou plutôt ça l’était. Aller dans ce type d’endroits avait fait partie de mon quotidien, si bien que j’y étais allé tous les jours comme un employé qui allait bosser dans son entreprise. D’ailleurs d’un seul regard, je pouvais tout de suite faire la distinction entre les habitués et les amateurs. En particulier, ceux qui étaient spécialisés dans les conneries, ceux qui s’y consacraient corps et âme. Qu’est ce qui m’avait donc attiré à rentrer à nouveau dans un bar sachant que je voulais fuir le passé ? Un sourire s’afficha sur mes lèvres à la pensée ironique que ça avait sûrement dû me manquer. La bière me détendait et je me laissais emporter par la musique. J’étais dans mon élément, que je veuille le dénier ou pas.
L’alcool faisait partie des meilleurs boissons mais avait comme sacré désavantage de descendre trop rapidement. Je m’absentai donc et en chemin, bouscula sans faire attention un jeune. Il attendait clairement que je m’excuse mais un regard de ma part suffisait pour le faire partir sans réclamer son redû. Tss. Je le savais bien, ce n’était pas le genre de gars à avoir les couilles pour chercher une bagarre. Quoiqu'il en soit, je voulais retourner à ma place après le passage aux toilettes mais mes pas stoppèrent à sa vue. Lui. Avec les rires excessifs mélangés à la musique qui résonnait dans mes oreilles et le peu de clarté, je croyais divaguer. Je devais vraiment être ailleurs. Son nom m’était sorti de la bouche sans que je m’en rende compte et honnêtement je n’attendais pas de réponse. « ...Hyun Woo. » Au moins je n’étais pas encore bourré et j’avais toute ma tête. Ça ne m’empêcha d’être choquer par cette rencontre. J’étais sûr de ne plus jamais le croiser… Mais non, il fallait croire que l’alcool et la nuit ne manquait pas de nous réunir à chaque fois. Sur le coup, je ne savais pas si je devais en être content ou pas.
« Eh bah, quelle bonne surprise ! Tu viens me tenir compagnie ? » Plutôt deux fois qu’une. Le fait qu’aucune ambiguïté n’était apparente par rapport à la soudaine rupture de contact m’entraîna à agir comme dans le passé. Je lui souris en réponse et alla m’asseoir à côté de lui. « Evidemment. On ne change pas ses bonnes vieilles habitudes. » Et ça pouvait être un vrai problème parfois mais soit, je me contentais de profiter de cet imprévu. Après tout ce n’était pas tous les jours qu’on rencontrait un bon vieux pote, surtout après cinq ans. Il n’avait pas tellement changé physiquement ce qui m’avait permis de le reconnaître facilement. Il m’invita à boire, ce qui ne m’étonnait guère sachant que nous allions sûrement passer du temps à discuter sur ce qu’était devenu l’autre. « Je vais un prendre un gin tonic. » Après la bière, j’avais besoin de quelque chose de plus fort. Je lui donnai une tape sur l’épaule en guise de remerciement. Je l’observai de plus près et allez savoir pourquoi, je me devais de plaisanter. « Je vois que tu as pris des rides et que tu as plus de cheveux blancs. » Et le pire était que ce n’était même pas marrant. Cette fois, je pris un ton plus sérieux. « Alors, tu vas bien ? Qu’est-ce que tu fais actuellement ?»
Lee Ji Hyuk
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Sujet: Re: when the present intersects the past - ji hyuk Sam 8 Juin - 15:24
Quand on s’accroche trop au passé, on se condamne à ne pas avoir d’avenir.
change, it’s a wonderful thing.
Essayer d’oublier face à sa bière, je pensai que ma soirée allait être ainsi. Bercé par le fond sonore, un mélange de bonnes musiques et de rires à gorges déployées, je me serai surement enivré. Cependant, je ne serai pas allé jusqu’à faire n’importe quoi. Depuis le temps, je connaissais très bien mes limites. Je me devais d’être correct, de me tenir correctement ; j’étais en train de me racheter une conduite depuis des lustres déjà, ne l’oublions pas. Pourtant, faire un petit écart au règlement, cela n’allait pas me tuer. Je ferai juste en sorte de ne pas faire de bruits en rentrant à l’appartement. Bref, j’avais imaginé cette soirée dans la solitude et le destin se joua une nouvelle fois de moi. Oui car, sur ce coup-là, je ne l’aurai pas venu arriver. Fraichement assis à mes cotés, il agissait comme si rien n’avait changé. Comme si rien n’avait perturbé notre vie passée, comme si sa bande allait eux-aussi débarquer d’un moment à l'autre.
Les bonnes vieilles habitudes, j’en souris de plus belle. Contrairement à avant, je n’étais pas ici tous les soirs. Mes fréquences avaient largement diminué. Des jours choisis au hasard dans le calendrier, qui n’avait été synchro avec les siens et qui avait encore une fois, repoussé nos retrouvailles. Seulement, cette fois-ci, nous y étions. Son choix fait sur son prochain verre, je commandai son gin tonic et un whisky pur pour moi, au barman. Des cheveux blancs, j’y passai machinalement mes mains dans cette tignasse. Dans l’espoir qu’ils disparaissent ou tout au moins, qu’ils se masquent assez pour qu’on les oublie. Quelles remarques, me faisait-il là. Pourtant, je me redressai un peu plus et fièrement. « Hey, c’est gage d’expérience, ça fait de l’effet ! ..En revanche, toi, tu devrais faire gaffe. Tu ne te serais pas laissé aller depuis le temps ? » Plaisantais-je, sur le même ton. Ma main saisit son bras, une manière comme une autre de jauger ses muscles et mon regard se posant sur son ventre après l’avoir lâché. En chaire et en os, j’établissais mon premier contact après cinq ans. C’était à vous foutre un coup ce genre de retrouvailles. Nos verres commandés se posèrent face à nous et je réglai le barman, en même temps que je lui répondais ; « Je me porte bien.. En ce moment, je m’occupe d’un jeune prodige de la musique, son emploi du temps et tout ce qui s’en suit. Il m’a permis d’avoir une nouvelle chance.. » Les grandes lignes étaient ainsi, savait-il pour l’incident ? Dans tous les cas, je lui retournai la question ; « Et toi, raconte-moi tout. Tes amis de l’époque ne sont pas avec toi ? » Brièvement, je regardai autour de nous avant de reposer toute mon attention sur lui. En attente de sa réponse, je trinquai rapidement en entrechoquant nos deux verres, avant d’avaler une première grande gorgée de ce nouvel alcool.
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