Que pouvais-je ajouter encore ? Il n'y avait rien d'autre à soulever. C'était à se demander pourquoi j'étais là. Mais bon, ma présence était demandée et obligatoire, sans quoi rien ne pouvait se faire. Oui, j'étais indispensable.
Actuellement, je faisais comme si j'étais sérieux et concentré sur la discussion. Je faisais des petits hochements de tête, gardait mes doigts serrés devant mon visage et gardait les jambes serrées. Comme si j'étais vraiment intéressé par cette histoire. Mais de quoi on parlait aussi ? De ressources animales, de motifs et d'argent. Ok, l'argent était un facteur primordial pour mon entreprise -comme le reste d'ailleurs-, ma carrière de directeur et ma vie, accessoirement. Mais cela ne me parlait tellement pas. On essayait de maximiser le rendement, de minimiser les coûts des transports et de l'entretien. Mais pourquoi devais-je assister à une réunion pareille ? Je ne savais rien de tout ça. Finalement, c'était eux qui réfléchissaient à un solution, et moi qui donnait le feu vert. Il y avait des fois où j'étais prêt à simplement donner ma permission sur tout et m'en aller.
Mais bon, je ne le pouvais pas. Alors j'étais là, assis, à faire semblant d'être là. On avait choisi -enfin mes collègues avaient choisi et j'avais autorisé- de faire cette réunion et récapitulation pour cette nouvelle saison dans un coin plus sympa que mon bureau. En réalité, c'est parce que mon fauteuil privé prenait trop de place pour pouvoir ajouter d'autres chaises autour et former un cercle de parole. Et comme cela se passait encore après les heures de travail habituelles, on a proposé d'aller manger un repas dans un restaurant. Bref, tout convenait pour sortir en groupe de pingouins sérieux affamés de repas de luxe.

Mais dans tout ça, on peut dire que je m'ennuyais ferme, même si je ne le montrais pas. Je mangeais du bout de la fourchette les morceaux de salade que l'on nous avait servi. Encore heureux que la nourriture soit bonne, sinon il n'y aurait vraiment rien à retirer. La place que nous avions choisi était évidemment chic, mais pas trop. Simplement parce que mes employés tenaient à garder une certaine part de leur salaire pour eux, autre que pour se remplir l'estomac. Enfin, on avait quand même droit aux services et plats servis sur un chariot et un serveur bien habillé. Nos verres étaient remplis par ce même homme par du bon vin et peu de gens nous entouraient. C'était quand du business, notre discussion. Même si je m'en fichais.
Je regardais brièvement au dehors. La rue prenait de plus en plus les couleurs du coucher du soleil et les magasins fermaient les uns après les autres. Les lampadaires n'allaient pas tarder à s'allumer et l'atmosphère se noircir. Ah, Pyo Han se sortirait pas d'ici avant de voir les premiers ivres hanter les avenues.